Méditez l’évangile de dimanche 7 novembre

Lectio divina du Dimanche 7 novembre 2021 : 32e ordinaire (B)

Evangile de Jésus Christ selon st Marc (Mc 12, 38-44)

En ce temps-là 38 Dans son enseignement, Jésus disait : « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques,
39 les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners.
40 Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »
41 Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la foule y mettait de l’argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes.
42 Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie.
43 Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres.
44 Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

Lecture ligne à ligne

En ce temps-là 38 Dans son enseignement, Jésus disait : « Méfiez-vous des scribes,

Cet enseignement n’arrive pas n’importe quand. Nous sommes à quelques jours de la Passion, qui est le combat ultime du Seigneur. Les scribes, les pharisiens, les docteurs de la loi et les saducéens, tous ceux qui comptent en Israël, ont déjà décidé de sa mort. Il y a eu la parabole des vignerons homicides qui a été une première mise en cause, puis les controverses à propos de l’impôt et de la Résurrection dont Jésus est sorti victorieux mais qui ont exacerbé les oppositions. Si la première finit par un simple :
« Ils étaient remplis d’étonnement à son sujet » (Mc 12, 17)
La deuxième est assortie du commentaire :
« Vous vous égarez complètement ». (Mc 12, 27)
Précédé de la question
« N’êtes-vous pas en train de vous égarer, en méconnaissant les Écritures et la puissance de Dieu ? » (Mc 12, 24)
Ce qui est l’insulte suprême pour ceux qui consacrent leur vie à l’étude des dites Écritures et à l’observation pointilleuse des 620 commandements qu’elles contiennent.
Le dialogue avec un scribe sur le premier commandement vient adoucir ces rapports et montre que le Christ n’est pas dans une opposition systématique, mais bien dans un souci de recherche de la vérité.
L’expression « méfiez-vous », que nous avons ici, va bien dans ce sens. Jésus va dénoncer des attitudes des scribes mais sans condamner de manière générale ou globale un groupe ou des personnes. Il invite à la prudence et même à la méfiance à cause de ce que le pouvoir provoque le plus souvent chez ceux qui pensent en avoir. La suite du texte montre une série de comportements mauvais ou au moins tendancieux. Nous le verrons : ils seront souvent en parallèle avec le sermon sur la montagne, surtout le chapitre 6 de st Matthieu où les conseils évangéliques de pauvreté, de partage et de prière sont précédés d’avertissements contre les attitudes orgueilleuses de certains personnages importants du peuple.

Et nous ? Savons-nous dénoncer ou condamner des faits ou des paroles sans condamner les personnes ? Evitons-nous les généralités et les rejets en bloc, en oubliant que chaque personne est unique ? Avons-nous tendance à céder aux effets de modes, aux logiques de groupes… ?

qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat

Voici le premier des reproches fait aux scribes : la vanité. Les vêtements d’apparat sont là pour se faire remarquer. Ils veulent être vus. Mieux encore : ils y tiennent. Ils mettent donc leur espoir et la valeur de leur vie dans leur apparence et la manière dont ils seront regardés et perçus par les autres. On pense ainsi à cet autre avertissement du Seigneur :
« Quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme les hypocrites qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. » (Mt 6, 2)
La vanité est faite :

  1. D’orgueil puisqu’il s’agit de s’imposer aux autres ;
  2. D’hypocrisie, puisque ce n’est pas la vérité mais l’aspect qui compte,
  3. De respect humain, où le regard de l’autre et la réputation comptent plus que le bien ou la charité,

Et puisque c’est une préoccupation majeure des scribes qui y « tiennent », il est facile de discerner ainsi ceux dont il faut se méfier, et surtout de quoi il faut se méfier chez eux.

Et nous ? Quelles sont nos vanités ? je ne demande pas si nous avons de la vanité, car malheureusement, l’Homme marqué par le péché en a presque toujours mais plutôt comment se manifeste-telle : coquetterie (qui n’est pas seulement le désir d’être respectueux et d’honorer par une bonne tenue ceux que nous rencontrons, mais la volonté de se mettre en valeur et ainsi d’avoir un « ascendant » sur les personnes rencontrées ou de changer l’image que nous avons et que nous donnons de nous-mêmes) comme les scribes ici incriminés, mais aussi l’incapacité à subir la critique, à accepter les reproches, à se remettre en question… Cela peut encore être dans un esprit de conflit ou de rivalité trop exacerbé ou l’incapacité de reconnaître les talents et la qualité de nos frères… et encore la tendance à colporter les rumeurs et les médisances pour briller ou pour ternir ceux qui nous entourent…
Bref, la vanité qui est un type d’orgueil, prend bien des visages, connaissons-nous le nôtre ? Cherchons-nous à le combattre ?

et qui aiment les salutations sur les places publiques,

Et maintenant, voici une deuxième critique : la tentation de valoir, le besoin de reconnaissance. Il s’agit encore d’orgueil mais sous une autre forme. Quand la notoriété est plus importante que le bien fait, et qu’ainsi le bien est fait, non pour l’autre, mais pour soi. Dans le valoir, il y a :

  1. De l’orgueil sous forme d’ambition mal placée, qui n’est pas désir de faire le bien et le meilleur mais d’être le plus possible reconnu et admiré : il s’agit de briller et de dominer.
  2. De l’hypocrisie encore car ce qui semble de la sollicitude pour les autres n’est en fait que promotion et recherche de soi.
  3. De l’égoïsme puisque tous ce qui est fait est produit pour ses intérêts personnels.

Cette tentation est bien ce que le Seigneur dénonce dans le sermon sur la montagne :
01 « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux. (Mt 6, 1)
Et cela touche au plus profond de la vie de ces scribes puisqu’il « aiment » cela. Mais cela est visible et permet du coup une méfiance et une vigilance plus grande.

Et nous ? Comment aimons-nous valoir ? Auprès de qui ? Peut-être nous sentons-nous préservés ou avons-nous le sentiment d’avoir dominé cette tentation parce que nous ne sommes pas comme cela la plupart du temps… Mais il serait bon de vérifier devant qui nous avons tendance à céder à ce genre de comportement : jeux de séduction, rapport à l’autorité, premier contact avec des connaissances, des collègues ou partenaires de travail, en société plus élargie, avec donc des personnes moins connues ou moins importantes pour nos vies quotidiennes…

39 les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners.

Le troisième reproche pourrait s’appeler la vaine gloire ou gloriole. Il s’agit d’honneur terrestre et humain. Il s’agit de s’arroger des premières places, non par le mérite ou par l’amour que nous avons suscité et qui est ainsi honoré, mais simplement pour briller et assoir son pouvoir. L’honneur n’est plus en fonction du bien fait mais du pouvoir exercé sur les autres. La gloriole, qui n’a rien à voir avec la gloire de Dieu qui, elle, est manifestation de la réelle grandeur de Dieu dans ce monde si petit.
La gloriole est :

  1. Une troisième composante de l’orgueil qui repose surtout sur une volonté de pouvoir et de puissance
  2. D’hypocrisie encore et toujours puisqu’il s’agit plus de place occupée que de mérite effectif
  3. De mépris ou au moins de manque de respect pour les autres qui ne sont que des faire-valoir ou des moyens pour augmenter sa puissance personnelle

Jésus parle ailleurs de cette tentation :
« Quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme les hypocrites qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. » (Mt 6, 2)
Là encore, les scribes aiment cela, ils y mettent leur cœur, il faut donc d’autant plus s’en méfier…

Et nous ? Sur qui ou quand voulons nous faire peser notre pouvoir ? Attention, il ne s’agit pas toujours de domination brutale ou de jeux d’autorité… Il peut s’agir parfois de chantages affectifs, de manipulation par l’amitié ou la confiance aveugle, de profiter de la volonté de l’autre de servir ou de faire plaisir…

40 Ils dévorent les biens des veuves

Le quatrième reproche est différent : il s’agit d’avidité. En fait, il s’agit de dire que les scribes tirent profit pour eux-mêmes de ce qu’ils exigent des autres. Jésus l’a dit de manière plus explicite dans l’une de ses malédictions :
«  Jésus reprit : « Vous aussi, les docteurs de la Loi, malheureux êtes-vous, parce que vous chargez les gens de fardeaux impossibles à porter, et vous-mêmes, vous ne touchez même pas ces fardeaux d’un seul doigt. » (Lc 11,46)
Ainsi le reproche qui est fait ici est de se servir de la piété des veuves pour leurs propres intérêts. Sans doute au premier lieu s’agit-il de se servir des contributions que même les pauvres font (CF. La deuxième partie du texte) pour eux-mêmes plutôt que pour le Bien Commun. Mais plus généralement, les veuves représentent les petits, les pauvres et les malheureux du peuple, et les biens dont il est question sont eux aussi à prendre au sens large : temps, énergie, argent, capacité à servir, à honorer ‘Dieu et son prochain’ et pas seulement les scribes !) …

Et nous ? Nous arrive-t-il de profiter de notre position, vis-à-vis de certains pour obtenir des avantages indus ? C’est ce qu’a révélé le « rapport Sauvé » sur les abus de certains prêtres, c’est ce que montre la commission sur l’inceste ou tant d’affaires judiciaires dans bien des domaines. Mais au-delà de ces faits dramatiques, dans nos rapports les plus simples, entre conjoints, entre parents et enfants, ente collègues ou voisins, au nom de notre fraternité dans le Christ ou de notre concitoyenneté… n’avons-nous pas parfois tendance à mettre à notre service ce qui devrait être construction du Bien Commun ?

et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »

Et voici le dernier reproche qui n’est pas le moindre : la fausse piété. La prière au service de l’apparence, quand ce qui devrait être rapport à Dieu devient communication vers les hommes. Il s’agit de tromper les hommes et de se servir de Dieu. Instrumentaliser les autres est déjà mal, le faire avec les plus petits est pire, mais le faire avec Dieu est encore bien pire car il s’agit de se prétendre au-dessus de lui et lui manquer de respect, aussi bien à lui qu’aux hommes. Voilà pourquoi le jugement sera plus sévère, parce que l’acte est mauvais vis-à-vis de plus de monde, et surtout vis-à-vis de celui qui mérite le moins ce genre de traitement.
Jésus a déjà dénoncé ce type d’hypocrisie :
« 05 Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. » (Mt 6,5)

Et nous ? Nous arrive-t-il d’instrumentaliser Dieu ou notre relation avec lui ? Comme ici, il s’agit peut-être de soigner notre réputation en voulant paraître plus pieux que nous sommes… Mais il s’agit aussi parfois de prendre Dieu comme bouc émissaire : si Dieu existait, il pourrait bien… si Dieu nous aimait, il ferait bien… et moi, je voudrais bien mais Dieu ne l’a pas permis… Je ne m’y sens pas appelé…
Sommes-nous sûrs d’avoir, autant qu’il est possible, coopéré à l’œuvre de Dieu pour le bien de nos frères ou cherché à comprendre comment son Amour miséricordieux et providentiel agit dans le monde (en réponse aux premières questions) ? Et sommes-nous sûrs d’avoir vraiment pris les moyens d’un vrai discernement ou bien nous trouvons-nous des excuses faciles (pour les deux réflexions suivantes) ?

41 Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la foule y mettait de l’argent.

L’enseignement n’était pas localisé, voici maintenant Jésus dans le Temple. Il est face à la salle du trésor et ne critique pas l’existence de cette salle. Jésus n’est pas « anti-argent », il prévient contre les dérives de l’âpreté au gain ou contre l’esclavage de l’argent.
Il regarde la foule mettre l’argent ; il a donc même de l’intérêt pour cela, rien de ce qui est humain n’est indifférent à Dieu. Mais nous allons le voir ensuite : pour Jésus, tout est occasion d’aimer et de montrer son amour. Même l’argent n’a de valeur véritable que pour manifester sa capacité à aimer et à servir Dieu et son prochain.

Et nous ? Pouvons-nous interroger notre rapport à l’argent ? Il ne s’agit ni de condamner en bloc, comme si tout usage d’argent était mauvais, ni de refuser de laisser notre cœur, notre intelligence et notre piété réguler de manière bonne notre lien à l’argent. Il faut évaluer dans quelle mesure nous usons bien de notre argent, pour nous-mêmes et pour les autres. Pour nous-mêmes : voyons l’argent comme un moyen de vivre et de bien vivre et non comme un but en soi ou un moyen d’assouvir des passions inappropriées. Pour les autres, usons de l’argent comme un moyen de partage, de service et de témoignage d’amour, de respect et d’intérêt pour l’autre, jamais comme une arme ou un moyen de pression et de puissance !

Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes.

Il y a là un simple constat qui n’est ni admiratif, ni critique. Spontanément, ce constat semble positif, mais la suite montre que cette action est en fait neutre : ce qui compte n’est pas la quantité mais le cœur qu’on y met. Ainsi les actes nous rappellent un discours de St Paul :
« 35 En toutes choses, je vous ai montré qu’en se donnant ainsi de la peine, il faut secourir les faibles et se souvenir des paroles du Seigneur Jésus, car lui-même a dit : Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. » (Ac 20, 35)
Et ce même st Paul écrit :
06 Rappelez-vous le proverbe : “À semer trop peu, on récolte trop peu ; à semer largement, on récolte largement”.
07 Que chacun donne comme il a décidé dans son cœur, sans regret et sans contrainte, car Dieu aime celui qui donne joyeusement. (2co9, 6-7)
Et un peu plus loin :
11 Il vous rendra riches en générosité de toute sorte, ce qui suscitera notre action de grâce envers Dieu. (2co 9, 11)

Et nous ? Où en sommes-nous de notre capacité à partager ? Quelle joie en retirons-nous ?

42 Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie.

L’exemple n’est pas pris au hasard puisque, quelques lignes plus -haut, le Christ a dénoncé ceux qui « dévorent le bien des veuves ». Ici, nous l’avons dit, le Seigneur s’intéresse aux dons et ne critique pas ce trésor, mais comment ne pas voir un avertissement à ceux qui usent de ce trésor, pour qu’ils servent le Bien Commun et se gardent de profiter de ce qui vient parfois d’une pauvre veuve !
Les deux pièces peuvent nous mettre en parallèle avec la parabole du bon samaritain. Lui aussi donne deux pièces à l’aubergiste pour prendre soin de l’homme blessé par les brigands.
« Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant : « Prends soin de lui » (Lc 10, 35)
Certes, il s’agit de deux pièces d’argent et non de deux petites pièces de monnaie, mais elles sont données et représentent ce qui est nécessaire pour la vie de ce blessé.

Alors ? Sommes-nous conscients que ce que nous donnons est synonyme de vie pour bien des personnes ? L’Eglise fonde sa doctrine sociale, entre autres sur le concept de « destination universelle des biens ». Il ne s’agit pas de communisme ou de dénier le droit à la propriété privée, mais de rappeler que tout droit a ses limites, et que le danger de mort, la dignité de l’homme, y compris le plus pauvre, et la fraternité qui implique la charité mais aussi une solidarité matérielle sont précisément les limites du droit de propriété privée. Pour être plus exactes, ces valeurs orientent notre usage de la propriété privée au service du Bien Commun et du partage. Savons-nous que ce que Dieu nous a permis de posséder reste un instrument de sa grâce au service de tous ?

43 Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres.

Nous voyons ici à l’évidence que Jésus ne parle pas de quantité d’argent. Ce qu’elle a mis, c’est sa foi : Dieu ne l’abandonnera pas. Elle donne aussi son amour : elle donne toute sa vie.
On repense à la lettre de saint Paul aux corinthiens citée plus haut mais en prenant tout le contexte cette fois :
06 Rappelez-vous le proverbe : “À semer trop peu, on récolte trop peu ; à semer largement, on récolte largement”.
07 Que chacun donne comme il a décidé dans son cœur, sans regret et sans contrainte, car Dieu aime celui qui donne joyeusement.
08 Et Dieu est assez puissant pour vous donner toute grâce en abondance, afin que vous ayez, en toute chose et toujours, tout ce qu’il vous faut, et même que vous ayez en abondance de quoi faire toute sorte de bien.
09 L’Écriture dit en effet de l’homme juste : Il distribue, il donne aux pauvres ; sa justice demeure à jamais.
10 Dieu, qui fournit la semence au semeur et le pain pour la nourriture, vous fournira la graine ; il la multipliera, il donnera la croissance à ce que vous accomplirez dans la justice.
11 Il vous rendra riches en générosité de toute sorte, ce qui suscitera notre action de grâce envers Dieu. (2 co 9, 6-11)
12 Car notre collecte est un ministère qui ne comble pas seulement les besoins des fidèles de Jérusalem, mais déborde aussi en une multitude d’actions de grâce envers Dieu.
13 Les fidèles apprécieront ce ministère à sa valeur, et ils rendront gloire à Dieu pour cette soumission avec laquelle vous professez l’Évangile du Christ, et pour la générosité qui vous met en communion avec eux et avec tous.
Le don est selon le cœur…
Dans la foi, nous savons que Dieu est assez puissant pour donner le nécessaire et même plus…
Le disciple ne manquera de rien…
Mais cela n’arrive que si, même pauvre, on donne et partage…
Il suscitera ainsi l’action de grâce envers lui qui comble ses amis !
Il s’agit de foi et d’amour mais aussi de religion et de justice.

Et nous ? Savons-nous comme dans le grand commandement, passer de l’Amour de Dieu à l’amour des frères comme un devoir et une conséquence logiques ? Et de l’amour des frères à l’Amour de Dieu comme une remontée à la source ?
37 Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit.
38 Voilà le grand, le premier commandement.
39 Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
40 De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. » (Mt 22, 37-40)
Rappelons-nous aussi de cet avertissement :
16 De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. (Mt 5, 16)
La puissance de notre charité et de notre foi, comme exemplarité devient le meilleur moyen d’évangélisation que nous possédons.

44 Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

Quand on parle de donner tout ce qu’on a pour vivre ou d’indigence, surtout à propos d’une veuve, comment ne pas penser à la veuve de Sarepta qui accueillit Eli le prophète au tant de la sécheresse et donc de la famine :
10 Le prophète Élie partit pour Sarepta, et il parvint à l’entrée de la ville. Une veuve ramassait du bois ; il l’appela et lui dit : « Veux-tu me puiser, avec ta cruche, un peu d’eau pour que je boive ? »
11 Elle alla en puiser. Il lui dit encore : « Apporte-moi aussi un morceau de pain. »
12 Elle répondit : « Je le jure par la vie du Seigneur ton Dieu : je n’ai pas de pain. J’ai seulement, dans une jarre, une poignée de farine, et un peu d’huile dans un vase. Je ramasse deux morceaux de bois, je rentre préparer pour moi et pour mon fils ce qui nous reste. Nous le mangerons, et puis nous mourrons. »
13 Élie lui dit alors : « N’aie pas peur, va, fais ce que tu as dit. Mais d’abord cuis-moi une petite galette et apporte-la moi ; ensuite tu en feras pour toi et ton fils.
14 Car ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël : Jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra, jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre. »
15 La femme alla faire ce qu’Élie lui avait demandé, et pendant longtemps, le prophète, elle-même et son fils eurent à manger.
16 Et la jarre de farine ne s’épuisa pas, et le vase d’huile ne se vida pas, ainsi que le Seigneur l’avait annoncé par l’intermédiaire d’Élie. (1 R 10-17)
Ce récit un peu long permet de voir :

  1. Une femme qui malgré sa pauvreté est prête à servir.
  2. Dieu, qui par le prophète, invite au partage même quand cela semble déraisonnable.
  3. Une femme, veuve et pauvre et qui n’a rien pour vivre.
  4. Sur la parole du prophète, elle montre sa foi ; elle donne tout et reçoit bien davantage.
  5. Il s’agit d’abord de son rapport avec Dieu : elle est aimée de Dieu qui l’a choisie ; elle aime Dieu et croit en Lui.

Alors ? Se pose ainsi la question de notre confiance en Dieu quand il s’agit de donner mais aussi de s’abandonner et s’offrir à Dieu. Il ne s’agit plus tant d’argent que de vie… Un mari compte-t-il la dépense sur 60 ans avant de s’offrir à sa femme dans le mariage ? Un prêtre essaie-t-il d’évaluer ce qu’il aurait pu gagner avant de s’engager dans le sacerdoce ? Des parents ont-ils l’idée de ce que leur coûtera un enfant avant de donner la vie ? Un baptisé retient-il quelque chose pour lui avant de s’offrir à Dieu ? C’est bien de cela dont nous parlons : de choix de vie, de vocation et de mission, d’amour et de famille.

En guise de conclusion :
Le Seigneur nous met en garde, non contre un scribe en particulier -le Christ ne juge ni ne condamne personne sur la terre- mais sur le péril dont les scribes sont souvent les victimes, risquant d’entrainer bien d’autre derrière eux.
Ce péril est celui de l’orgueil sous toutes ses formes : vanité, valoir et besoin de reconnaissance et gloriole. Il y associe des périls qui sont liés : volonté de puissance et avarice, avidité et âpreté au gain, hypocrisie et fausse dévotion…
En fait, il annonce que toute personne, qui pense en termes de pouvoir et de puissance, risque de tomber dans l’orgueil et ses corolaires tels que le mépris de manipulation, d’hypocrisie et de violence sous toutes les formes. Mais aussitôt, il nous livre un exemple du remède : la pauvre veuve. Parce qu’elle n’a rien et s’en contente, parce qu’elle continue d’aimer et de vouloir faire du bien malgré son indigence, elle est la leçon parfaite :
Elle n’a pas peur d’être vue, donnant peu au milieu de ceux qui donnent beaucoup…
Elle est passée inaperçue aux yeux de tous, sauf de Jésus mais cela lui allait très bien car elle ne cherche pas à être vue …
Elle donne au Temple : elle veut honorer Dieu…
Elle donne au trésor commun : elle veut prendre soin de ses frères…
Quand on est dans la logique du don, du partage, et du service, quand on est tourné vers son Dieu et vers ses frères plutôt que vers soi, alors on trouve le remède et la force de lutter contre l’orgueil et ses conséquences, on suscite l’admiration de Dieu et la joie de ses frères.

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