Évangile du 11 décembre 2022

Évangile de Jésus Christ selon st Matthieu (MT 11, 1-12) 

 

02 Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des œuvres réalisées par le Christ. Il lui envoya ses disciples et, par eux, 
03 lui demanda : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » 
04 Jésus leur répondit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : 
05 Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. 
06 Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! » 
07 Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ? 
08 Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. 
09 Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. 
10 C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi. 
11 Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. 

 

02 Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des œuvres réalisées par le Christ.  

Dans L’évangile de Saint Matthieu, Jean Baptiste, le précurseur est très présent : d’abord au chapitre 3 où nous entendons la prédication du Baptiste (Mt 3, 1-12) puis le baptême de Jésus (Mt 3, 13-17). 

Ensuite nous apprenons son arrestation au chapitre 4, et ce sont ses disciples que nous découvrons un peu plus tard : 14 Alors les disciples de Jean le Baptiste s’approchent de Jésus en disant : « Pourquoi, alors que nous et les pharisiens, nous jeûnons, tes disciples ne jeûnent-ils pas ? » 

15 Jésus leur répondit : « Les invités de la noce pourraient-ils donc être en deuil pendant le temps où l’Époux est avec eux ? Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; …. 

Ce qui est d’autant plus important que Jean Lui-même a dit :  

 « Un homme ne peut rien s’attribuer, sinon ce qui lui est donné du Ciel. 

28 Vous-mêmes pouvez témoigner que j’ai dit : Moi, je ne suis pas le Christ, mais j’ai été envoyé devant lui. 

29 Celui à qui l’épouse appartient, c’est l’époux ; quant à l’ami de l’époux, il se tient là, il entend la voix de l’époux, et il en est tout joyeux. Telle est ma joie : elle est parfaite. 

30 Lui, il faut qu’il grandisse ; et moi, que je diminue. (Jn 3, 27-30) 

Jésus se désigne donc lui-même comme cet époux dont parlait Jean. A celui-ci appartient l’épouse (C’est le peuple de Dieu lui-même) et le fait qu’il doit grandir.  

Puis il se compare à Jean :  

18 Jean Baptiste est venu, en effet ; il ne mange pas, il ne boit pas, et l’on dit : “C’est un possédé !” 

19 Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit, et l’on dit : “Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs.” Mais la sagesse de Dieu a été reconnue juste à travers ce qu’elle fait. » (Mt 11, 18-19) 

Ainsi il s’affirme l’instrument de la sagesse de Dieu.  

Le chapitre 14 nous raconte l’exécution du prophète, et il est encore nommé au chapitre 16 :  

« Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » 

14 Ils répondirent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. » (Mt 16, 13-14) 

Jean était identifié comme prophète et Jésus lui est comparé… 

Puis Jésus dit clairement qui est Jean :  

« Je vous le déclare : Élie est déjà venu ; au lieu de le reconnaître, ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu. Et de même, le Fils de l’homme va souffrir par eux. » 

13 Alors les disciples comprirent qu’il leur parlait de Jean le Baptiste. (Mt 17, 12-13) 

C’est pourquoi il va se permettre d’incriminer les pharisiens en citant Jean une fois de plus :  

Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. 

32 Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; mais les publicains et les prostituées y ont cru. Tandis que vous, après avoir vu cela, vous ne vous êtes même pas repentis plus tard pour croire à sa parole. (Mt 21, 31-32) 

Nous voyons à travers ce parcours combien la personne de Jean le Baptiste est importante dans l’Evangile et dans la vie et la prédication de Jésus. Il est le prophète qui l’annonce et à qui Jésus se réfère ; il est celui qui désigne Jésus pour ce qu’il est et celui que Jésus désigne comme le prophète Elie… Ainsi nous savons que cet Evangile, qui nous parle de Jean, doit être observé de près. 

Et nous ? Saurons-nous être de ces amis de l’époux dont nous parle saint Jean qui se réjouissent de sa présence mais savent s’effacer devant lui. 

Il lui envoya ses disciples  

Nous apprenons ainsi que Jean avait gardé des disciples, bien qu’il soit en prison. Mais surtout ce texte nous rappelle le début de l’évangile de Saint Jean :  

Jean se trouvait là avec deux de ses disciples. 

36 Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu. » 

37 Les deux disciples entendirent ce qu’il disait, et ils suivirent Jésus. (Jn 1, 35-37) 

Là déjà, nous voyons des disciples de Jean, et là déjà, sur une parole de leur maître, ces disciples vont vers Jésus… 

Et nous ? Sur notre route à nous aussi, le Seigneur place des “ Jean Baptiste pour nous désigner le Christ », saurons-nous les reconnaître et les écouter ? 

et, par eux, 03 lui demanda : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » 

Celui qui doit venir” est une formule qui renvoie au premier testament et à la promesse que Dieu fait à Moïse :  

« Ils ont bien fait de dire cela. 

18 Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi ; je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai. 

19 Si quelqu’un n’écoute pas les paroles que ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte. ( Dt 18, 17-19) 

Celui qui doit venir est donc ce prophète semblable à Moïse…or Moïse est celui qui a donné la loi qui scelle l’alliance. En effet, Dieu a déjà fait alliance avec Abraham et les patriarches, mais à Moïse, il donne la loi qui dit et fixe la volonté de Dieu sur le peuple. Pour constituer un peuple, que faut-il ? Il lui faut une loi commune qui agrège les actions et les personnes. Moïse donne au peuple une telle loi de la part de Dieu et désormais Dieu leur promet :  

11 Tu garderas donc le commandement, les décrets et les ordonnances que je te prescris aujourd’hui de mettre en pratique. 

12 Et parce que vous aurez écouté ces ordonnances, que vous les aurez gardées et mises en pratique, le Seigneur ton Dieu te gardera l’Alliance et la fidélité qu’il a jurées à tes pères. 

I y a un lien direct entre le don de la loi et l’alliance, entre l’alliance et la constitution du peuple.  
Or Jésus est présenté comme celui qui doit venir, le prophète semblable à Moïse ; il va donc donner à son tour une loi nouvelle qui fera entrer dans une alliance nouvelle qui constituera un peuple nouveau. 

Et nous ? Savons-nous quelle est la loi que Dieu nous donne par Jésus ? En voici la base :  

37 Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. 

38 Voilà le grand, le premier commandement. 

39 Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. 

40 De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. » (Mt 22, 37-40) 

Savons-nous de quelle alliance nous parlons ? Elle est consommée dans le sang du Seigneur : 

27 Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, en disant : « Buvez-en tous, 

28 car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude en rémission des péchés. (Mt 26, 27-28) 

Et le peuple nouveau, quel est-il ?  

19 Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, 

20 apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28, 18-20) 

S’il n’est plus question d’un peuple il est question de toutes les nations, il s’agit encore d’observer les commandements, et si le mot ”alliance” n’est pas exprimé, il est dit “je suis avec vous” ce qui signifie bien la même chose ! 

Reste à comprendre comment Jean, qui a désigné Jésus comme l’agneau de Dieu, (CF Jn 1, 29, et 1, 36), qui a dit du Seigneur :  

Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. (Mt 3, 11)  

et qui a bien attesté que c’était celui-là est bien Jésus. Quant au jour du baptême, il Lui dit :  

 « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! » (Mt 3, 14) 

Comment ce même Jean peut-il poser une telle question ? 

La première réponse possible est que Jean utilise ce moyen pour tourner ses disciples vers Jésus, en qui il a reconnu le Messie. 

La seconde est de contempler en Jean l’épreuve de la foi : s’il est le Messie, pourquoi le monde continue-t-il comme avant, le messie ne devait-il pas tout restaurer ? Ou bien où sont ses armées, le Messie ne devait-il pas libérer le peuple ?  Jésus n’est pas le Messie que Jean attendait, mais Jean a-t-il suffisamment la foi pour l’accepter ? Il semble que oui puisqu’il n’y a pas eu de polémique et que Jean restera fidèle à Dieu jusqu’à la mort. 

La troisième hypothèse est que Jean, dans ses souffrances et sa prison, vit une “nuit de la foi” comparable à tant de saints qui ne ressentaient plus et ne comprenaient plus la présence agissante de Dieu dans leur vie. Il leur faut alors tenir dans la foi gratuite et pure. N’est-ce pas aussi l’expérience de Jésus sur la croix qui crie :  

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27, 46) 

Il l’appelle “mon Dieu” : sa foi et son amour sont intacts ; il crie vers lui ; son espérance et sa confiance sont intactes, mais il se sent abandonné… Nuit de la foi pour Jésus et pour Jean : “es-tu celui qui doit venir ?” S’il pose la question, c’est qu’il a confiance en la réponse mais peut-être n’est-il plus capable de la trouver par lui-même, seulement d’y adhérer… Ce qu’il fera en offrant sa vie pour le Seigneur et la vérité. 

Et nous ? Sommes-nous capables de croire même sans rien ressentir, comprendre ou voir ? Avons-nous une foi pure et désintéressée ? Et dans nos recherches (qui ne sont pas forcément des doutes mais simplement des questions), sommes-nous assez humbles pour interroger le Seigneur et accueillir sa réponse ?  

04 Jésus leur répondit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : 

Cette réponse montre un authentique dialogue entre Jésus et les disciples de Jean. Jésus ne se contente pas de répondre sur ce qu’il est, mais les renvoie à leur maître. Il semble donc que la question soit plus qu’un simple moyen pour tourner les disciples vers Jésus (même si cela peut être quand même un peu cela aussi). 

Mais Jésus ne parle pas tant de lui que de ce que les disciples entendent et voient. La réponse les oblige à s’impliquer et à comprendre ce qu’ils vivent. Jésus prend soin de Jean à qui il répond, mais aussi des disciples qu’il accueille et qu’il pousse à s’interroger eux-mêmes sur le Christ. 

Enfin cette réponse nous renvoie encore à l’appel des premiers disciples dans l’Evangile de Jean :  

ils suivirent Jésus. 

38 Se retournant, Jésus vit qu’ils le suivaient, et leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Rabbi – ce qui veut dire : Maître –, où demeures-tu ? » 

39 Il leur dit : « Venez, et vous verrez. » (Jn 1, 37-39) 

Ce sont des disciples de Jean qui vont vers Jésus suite à son invitation. 

Un dialogue s’installe avec questions et réponses. 

L’invitation finale se trouve dans le texte que nous commentons maintenant.  

La seule différence notable est sur l’invitation : ici “allez” tandis que dans st Jean “venez”. C’est que dans l’évangile de saint Jean, ils ne connaissent pas encore Jésus ; c’est une première approche alors que dans notre passage, ils ont déjà entendu et vu… Ils sont donc prêts à aller en témoigner. C’est donc bien la même logique mais avec le temps des disciples pour st Jean et le temps des missionnaires pour st Matthieu.  

Et nous ? Avons-nous pris le temps d’entendre et de voir le Seigneur à l’œuvre dans ce monde et dans nos vies, de comprendre ce qu’il fait pour nous et pour l’humanité ?  

En serons-nous les témoins ? Et si le Seigneur nous y invite, quel serait notre témoignage, qu’avons-nous à raconter ? 

05 Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, 

Jésus énumère une partie des miracles qu’Il a faits. Pas de forfanterie ou de vantardise là-dedans puisqu’il n’invente rien et même ne leur demande que de raconter ce qu’ils ont vu ou entendu. Il s’agit donc seulement de faits. Mais Jésus ne choisit pas au hasard les faits à relater. Il évoque plus ou moins directement les prophéties d’Isaïe sur les temps messianiques, par exemple :  

On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu. 

03 Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent, 

04 dites aux gens qui s’affolent : « Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. » 

05 Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. 

06 Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie (Is 35, 2-6) 

Le Messie vient manifester la gloire de Dieu et pour cela, les boiteux marchent, les sourds entendent … on trouve même ailleurs :  

19 Tes morts revivront, leurs cadavres se lèveront. Ils se réveilleront, crieront de joie, ceux qui demeurent dans la poussière, car ta rosée, Seigneur, est rosée de lumière, et le pays des ombres redonnera la vie. (Is 26, 19) 

 “les morts ressuscitent…”, Jésus vient accomplir en tout point la prophétie d’Isaïe. Il est bien Celui qui doit venir ! 

Et nous ? Sommes-nous capables de voir les signes de la miséricorde divine, de les accueillir et de les interpréter, non pour nous laisser émerveiller ou choquer mais pour nourrir notre foi et notre espérance ? Et d’ailleurs, que cherchons-nous ? Un Messie qui fait des miracles et des choses extraordinaires pour nous sur cette terre, ou bien un Messie qui nous accompagne vers la sainteté et vers le ciel ? 

et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. 

C’est peut-être la seule chose qui ne soit pas dans les prophéties d’Isaïe. Mais c’est ce que Jésus était en train de faire, comme le montre le verset précédant notre texte :  

01 Lorsque Jésus eut terminé les instructions qu’il donnait à ses douze disciples, il partit de là pour enseigner et proclamer la Parole dans les villes du pays. (Mt 11, 1) 

Et si l’on cherche les instructions dont il est question, on les trouve au chapitre précédent :  

07 Sur votre route, proclamez que le royaume des Cieux est tout proche. 

08 Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, 

Là encore la liste des bienfaits à accomplir est la même : ce que vont faire les disciples, c’est la mission du Messie. Cela nous renseigne sur ce que Jésus attend de nous en tant que disciples : Il veut que nous soyons comme le signe de sa présence auprès de tous. Et il y a, en plus, une proclamation : le Royaume des cieux est tout proche. C’est là la Bonne Nouvelle dont parle Jésus aux disciples de Jean, qui renvoie donc à “on verra la gloire de Dieu” mais non plus comme une promesse future. Jésus est celui qui fait voir la gloire de Dieu aujourd’hui. Dieu présent et agissant parmi nous aujourd’hui, voilà la Bonne Nouvelle. 

Et nous ? Nous qui, dans la prière, parlons avec Dieu, nous qui, dans la Bible, recevons et découvrons la Parole vivante et vivifiante de Dieu, nous qui, dans les sacrements, découvrons la présence réelle de Dieu qui nous transforme, nous qui, dans chaque frère, pouvons reconnaître un fils de Dieu et un temple de Celui-ci, sommes-nous encore capables de nous émerveiller et de nous réjouir de cette proximité de Dieu ? Y sommes-nous trop habitués ? Sommes-nous parfois indifférents ou blasés ? Un des indices pour mieux nous rendre compte de notre état : sommes-nous capables de remercier le Seigneur de ce qu’Il fait pour nous ? Quand l‘avons-nous fait la dernière fois ? Pour quoi ? 

06 Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! » 

Voici une nouvelle béatitude comme on en trouve éparpillée un peu dans tout l’Evangile. Elle a la particularité d’être formulée en négatif “je ne suis pas” :  c’est la seule de tous les évangiles. Ainsi chez saint Matthieu, en plus de béatitudes du début du sermon sur la montagne, on trouve :  

Mais vous, heureux vos yeux puisqu’ils voient, et vos oreilles puisqu’elles entendent ! (Mt 13.16) 

Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. (Mt 16.17) 

Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi ! (Mt 24.46) 

Et plus encore chez saint Luc :  

Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara : « Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous. (Lc 6.20) 

Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez.(Lc 6.21) 

Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme. (Lc 6.22) 

Heureux celui qui ne trébuchera pas à cause de moi ! » (Lc 7.23 ) 

Puis il se tourna vers ses disciples et leur dit en particulier : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! (Lc 10.23 ) 

Alors Jésus lui déclara : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! » (Lc 11.28) 

Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir. (Lc 12.37) 

S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! (Lc 12.38) 

Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi ! (Lc12.43 ) 

heureux seras-tu, parce qu’ils n’ont rien à te donner en retour : cela te sera rendu à la résurrection des justes. » (Lc 14.14) 

D’habitude, la béatitude vient pour avoir fait quelque chose, mais ici, il s’agit d’avoir évité quelque chose. Essayons de mieux comprendre en relisant cet autre texte :  

09 Alors, vous serez livrés à la détresse, on vous tuera, vous serez détestés de toutes les nations à cause de mon nom. 

10 Alors ce sera pour beaucoup une occasion de chute ; ils se livreront les uns les autres, se détesteront les uns les autres. 

11 Beaucoup de faux prophètes se lèveront, et ils égareront bien des gens. 

12 À cause de l’ampleur du mal, la charité de la plupart des hommes se refroidira. 

13 Mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. (Mt 24 ; 9-13) 

Ce sont donc les persécutions qui sont une occasion de chute. On comprend pourquoi Jésus adresse ce message à Jean Baptiste au fond de sa prison. La chute, dont il est question, est alors de livrer son frère de le détester, de l’égarer, de ne plus avoir de charité… Mais il y a une chose qui est l’opposé : la persévérance. A la question du Baptiste qui traduit peut-être son épreuve de foi ou la nuit de sa foi, Jésus répond donc en l’invitant à la persévérance. Et nous savons que cet appel sera entendu jusqu’au martyr ! La béatitude pourrait donc s’exprimer ainsi : heureux ceux qui persévèrent car ils seront sauvés, on retrouve alors une formulation plus classique. 

Et nous ? Est-ce que nous tenons compte de ces béatitudes qui sont toujours pour nous des promesses d’Espérance bienheureuse ?  

Et où en sommes-nous de notre entrainement à la persévérance ? 

07 Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean :  

Nous avons dit que la question posée par Jean était sans doute aussi un prétexte pour que les disciples aillent à la rencontre de Jésus. Voici que Jésus utilise maintenant la réputation de Jean pour aider les foules à mieux le connaître et à mieux comprendre le temps messianique dans lequel ils sont. L’un se sert de l’autre et inversement, mais tous deux annoncent le Royaume. 

Et nous ? Savons-nous aussi tirer parti du monde qui nous entoure pour aider et encourager nos frères à accueillir le Royaume qui vient ? Comment ? 

« Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ? 

Cette question nous apprend en premier lieu que les foules, qui viennent à Jésus maintenant, sont bien les mêmes qui allaient à Jean avant. Ce n’est pas une critique de la versatilité ou de l’inconstance des foules, mais plutôt, une affirmation de la continuité et de la cohérence entre la prédication de Jean et celle de Jésus. 

En insistant plutôt sur le désert que sur le Jourdain par exemple, Jésus situe non pas tant le lieu que l’objet de ces rencontres : au désert, c’est Dieu qu’on rencontre comme nous l’avons déjà fait remarquer plusieurs fois à propos de Moïse (cf Ex 3) ou d’Elie (cf 1 R 17) 

L’image du roseau est celle de la fragilité et de la pauvreté :  

15 Le Seigneur frappera Israël, qui deviendra comme le roseau qui s’agite dans l’eau. (1 r 14, 15) 

Jésus provoque ces auditeurs en leur demandant si ce qu’ils sont allés voir au désert était sans intérêt. Il veut donc montrer combien il estime Jean. 

Et nous ? Sur notre route, nous avons rencontré bien des gens qui nous ont aidés ou conseillés, sommes-nous capables de leur rendre grâce, de leur faire honneur, de prier pour eux ? Et si nous sommes peut-être allés aujourd’hui au-delà de ce qu’ils nous ont apporté, sommes-nous assez humbles pour nous rappeler que, sans eux, rien n’aurait été possible ? Faisons un instant mémoire de ces témoins que le Seigneur nous a envoyés. 

08 Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. 

Le texte lu la semaine dernière nous révélait comment Jean était habillé :  

04 Lui, Jean, portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins (Mt 3, 4) 

Aucun raffinement dans ces habits et Jésus le sait bien. Là encore, la question est faite pour provoquer. Si celui que vous êtes allés voir n’était pas comme un roseau, n’était pas sans intérêt, alors est-ce pour sa richesse que vous êtes allés le trouver ? Notez l’ironie de la déclaration de Jésus alors que Jean, bien loin des palais, est bien plutôt dans la prison du roi. 

Et nous, Qu’est-ce qui nous fait bouger ? Est-ce la richesse, la notoriété, la gloire ou le pouvoir ? Qu’est-ce qui nous attire et nous émeut, nous motive ou nous fait progresser ? Peut-être pouvons-nous nous rappeler un livre, une conférence, un film ou une émission, une rencontre qui nous ont nourris et fait grandir. Pourquoi ? Comment ? Qu’est-ce que cela dit de nous et de nos aspirations les plus profondes ? A contrario, peut être savons-nous ce qui nous a abîmés, pollués, dispersés ou fait perdre notre temps ou notre paix…  Là encore, saurons-nous en tirer des leçons ? 

09 Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. 

Voici donc où Jésus voulait en venir. Après avoir insisté sur l’importance et repoussé les faux-semblants, il dit sa pensée : Jean Baptiste est un prophète et même plus. Il est difficile de comprendre dans un premier temps ce que signifie “plus qu’un prophète”. Il faudra attendre la phrase suivante. Mais pour l’instant, nous retenons que Jésus atteste que Jean était prophète. C’est important car cela signifie qu’Il assume tout ce que Jean a dit de lui et affirme que cela est vrai. Pour mémoire, Jean a dit :  

11 Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. 

12 Il tient dans sa main la pelle à vanner, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera son grain dans le grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. » (Mt 3, 11-12) 

Il a donc affirmé que Jésus était plus fort que Lui. L’explication de ces mots la semaine dernière nous avait conduit à conclure que le “plus fort” est Dieu lui-même”. C’est pourquoi le prophète n’est pas digne de retirer ses sandales… 

Il a aussi affirmé qu’il baptiserait dans l’Esprit Saint et le feu. Le feu est celui de la Pentecôte, celui de l’amour divin. Il affirme donc que Jésus possède ou du moins a à sa disposition l’Esprit Saint et l’amour divin qu’il peut conférer à qui Il veut. Autant dire qu’il est divin lui-même. 

Quant à la parabole finale, elle renvoie au jugement dernier dont le Christ sera le juge et l’acteur principal. Là encore, c’est une annonce de sa divinité, mais c’est en plus une annonce eschatologique, d’un Messie qui vient tout accomplir. C’est peut-être cette vision qui entre en conflit avec ce que voit Jean et qui lui pose question, comme nous l’avons évoqué plus haut.  

L’évangile de Saint-Jean nous permet de préciser encore ce que Jean a dit de Jésus :  

« Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; 

30 c’est de lui que j’ai dit : L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. 

31 Et moi, je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté à Israël. » 

32 Alors Jean rendit ce témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. 

33 Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint.” 

34 Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. » (Jn 1, 29-34) 

Bien que le terme “agneau de Dieu” ne soit pas spécialement référencé ou précisé par Jean lui-même, il nous renvoie au chant du serviteur d’Isaïe et notamment :  

06 Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait son propre chemin. Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous. 

07 Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche. 

08 Arrêté, puis jugé, il a été supprimé. Qui donc s’est inquiété de son sort ? Il a été retranché de la terre des vivants, frappé à mort pour les révoltes de son peuple. 

09 On a placé sa tombe avec les méchants, son tombeau avec les riches ; et pourtant il n’avait pas commis de violence, on ne trouvait pas de tromperie dans sa bouche. 

10 Broyé par la souffrance, il a plu au Seigneur. S’il remet sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance, il prolongera ses jours : par lui, ce qui plaît au Seigneur réussira. 

11 Par suite de ses tourments, il verra la lumière, la connaissance le comblera. Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes. 

12 C’est pourquoi, parmi les grands, je lui donnerai sa part, avec les puissants il partagera le butin, car il s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort, et il a été compté avec les pécheurs, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs. (Is 53, 6-12) 

Ce chant magnifique nous montre le Messie agneau de Dieu, victime de la cruauté et de l’arrogance des hommes, mais surtout juste et fidèle au Seigneur. Il souffre des hommes bien sûr mais surtout pour eux. Il se charge en effet de leur péché et expie à leur place. Il connaîtra la mort mais sera sauvé et sauvera la multitude avec Lui. Par le simple titre d’agneau de Dieu, Jean renvoyait à cela mais annonçait donc déjà le mystère pascal du Christ. 

Jean affirme aussi qu’il est Fils de Dieu et que l’Esprit est sur Lui, autrement dit : c’est le Messie. 

Et nous ? Sommes-nous prêts à accueillir toutes ces affirmations, sommes-nous prêts à reconnaitre en Jean un prophète et en Jésus le Fils de Dieu ? Sommes-nous prêts, alors que nous allons bientôt fêter Noël et la naissance du nouveau-né, à considérer déjà le Fils qui se sacrifie, l’offrande de sa vie, et le Salut par la Croix ?  

Les deux mystères, la douceur de l’incarnation qui nous montre Jésus petit et humble, nous permettant de nous mettre à son niveau et de veiller sur lui, et l’âpreté de la Rédemption qui tourne nos yeux vers le péché, la souffrance et la mort mais aussi vers la charité sans fin du Seigneur et sa puissance de vie, de résurrection et de salut, ces deux mystères sont indissociables. 

10 C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi. 

Voici donc ce que c’est que “plus qu’un prophète”. D’abord il est lui-même annoncé par les prophètes. Ici, c’est une citation d’Isaïe que nous avons déjà rencontré :  

03 Une voix proclame : « Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu. (Is 40, 3) 

Mais cela renvoie aussi à :  

01 Voici que j’envoie mon messager pour qu’il prépare le chemin devant moi (Ml 3, 1) 

Et même :  

20 « Je vais envoyer un ange devant toi pour te garder en chemin et te faire parvenir au lieu que je t’ai préparé. (Ex 23, 20) 

Et ces différentes citations un peu condensées dans la citation de l’Evangile attestent de l’importance de celui qui est appelé tour à tour la voix, le messager ou l’ange, mais qui en tout cas est toujours un précurseur. Son importance est double : il annonce l’imminence de l’arrivée du Messie et il prépare sa venue, c’est-à-dire qu’il rend possible, non pas sa venue, mais sa réception. Le Messie va où et quand il veut, mais pour que les hommes puissent l’accueillir, il faut que le précurseur les y ait préparés. C’était d’ailleurs ce que nous expliquait le prologue de Saint Jean :  

06 Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. 

07 Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. 

08 Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière. ( Jn 1, 6-8) 

Le prophète annonce la venue du Messie ; le précurseur la prépare. Pour le prophète, il n’est pas question de temps ou de défi ; pour le précurseur, il y a imminence. Pour le prophète, l’important est de délivrer le message ; pour le précurseur, l’important est de désigner le Messie, de le présenter et comme de l’offrir à ses frères et à tous. C’est aussi ce qu’il fait quand il envoie ses disciples l’interroger. 

Et nous ? Saurons-nous pour nos frères être des prophètes, être des précurseurs ? Bien souvent, nous sommes appelés à être des disciples missionnaires, à annoncer la Bonne Nouvelle à nos contemporains, c’est là un travail de prophète. Mais il nous faut aussi parfois accompagner, former et éclairer, aider au discernement et introduire dans la vie ecclésiale, dans la vie de prière, dans la lecture de la Parole ou dans le service des frères pour que peu à peu celui qui était ignorant ou novice devienne à son tour un frère et un disciple missionnaire. C’est là un travail qu’on dit parfois de “frère ainé dans la foi” et qu’aujourd’hui, face à ce texte, nous pourrions qualifier de travail de précurseur. Tels sont les parents chrétiens, tels sont les époux l’un pour l’autre, tels sont les pasteurs pour leur troupeau, tels devrions-nous tous être pour ceux que le Seigneur met sur notre chemin. 

11 Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. 

Ce verset introduit une comparaison entre “ceux qui sont nés d’une femme” et “ceux qui sont dans le Royaume des cieux”. Et au sein même de cette comparaison, il y a du premier coté Jean Baptiste et du second le plus petit. Du premier coté Jean et le plus grand ; du second coté, on considère le plus petit, et la comparaison affirme que le plus petit est plus grand que lui.  

Ceux qui sont nés d’une femme désignent tout être humain en ce monde, nous avons donc l’ordre des réalités terrestres et des hommes de ce monde et de l’autre, l’ordre des réalités céleste et de ceux qui y vivent. 

La première conclusion est d’affirmer que l’ordre du Royaume des cieux domine totalement celui de la terre. Il s’agit alors de faire comprendre quel saut qualitatif représente le salut. Il y a là quelque chose de merveilleux : sur cette terre je peux admirer bien des gens : tel est tellement plus fort que moi, tel autre plus intelligent, tel autre plus sage et surtout tel autre plus saint ; mais ce que je sais aussi et qui me comble de joie, c’est qu’au ciel, je serai plus fort que quiconque ne l’a été sur terre, et plus sage et plus saint ! Voilà mon espérance. 

Mais ce n’est pas tout ! Observons que Jean lui-même a parlé de celui qui est “plus fort que lui” et celui-là c’est le Christ. Jésus vient d’assumer ce que Jean a dit en le déclarant prophète et même plus.  N’est-il donc pas logique de reconnaitre en ce plus petit dans le Royaume des cieux le Christ qui est plus grand que Jean ? Cela signifie que dans le Royaume des cieux, c’est l’humilité qui domine, et le plus petit est un titre de gloire et d’honneur réservé à Dieu même. Ainsi mon espérance me conduit à contempler un royaume auquel j’aspire et dont le Seigneur s’est fait le plus petit, comment pourrais-je ne pas y être admis ? Au contraire, le Seigneur lui-même s’y fait mon serviteur pour que j’y trouve ma place. Seul l’orgueil pourrait m’empêcher d’y aller, mais si j’y aspire vraiment, mon orgueil sera d’y aller et je mettrai donc toute l’énergie de ce qui me reste d’orgueil à me faire assez petit pour y rentrer ! Telle est mon espérance… 

Et nous ? Quelle est notre espérance ? Suis-je conscient de la merveille que Dieu veut faire de moi ? En ai-je le désir véritable ? Est-ce que je crois que Dieu peut et va faire cela ? Ai-je assez d’amour pour y aspirer, y participer et assister mes frères dans cette même démarche ? 

 

En guise de conclusion : Dans ce texte, nous nous heurtons d’abord au combat spirituel de Saint Jean-Baptiste : il doit de sa prison continuer à guider ses disciples tout en affrontant ses propres défis (prison, souffrances, perspective d’un témoignage à rendre à la vérité jusqu’à la mort) et même peut-être une certaine nuit de la foi. Jésus prend soin aussi bien du maître que des disciples qu’il envoie et des foules qui l’écoutent. Il prend Jean à témoin, assumant de l’appeler prophète et donc toutes ses paroles sur Lui, mais l’affirmant aussi plus qu’un prophète, un précurseur qui désigne le Messie qui vient. Jésus se reconnaît donc implicitement Messie. 

Nous sommes alors invités nous aussi à nous demander qui a joué pour nous le rôle de prophète et de précurseur, à reconnaître tout ce que Dieu a fait pour nous et à nous interroger sur ce que nous recevons et assumons de cette identité de Jésus : le Christ, le Messie, le Sauveur. Et puis, il y a l’ultime étape : celle qui nous pousse à devenir à notre tour prophète et même précurseur du Seigneur pour nos frères. Mais pour cela, il me faut un cœur rempli d’espérance qui s’appuie sur une foi en Jésus Christ et qui débouche sur une charité toujours renouvelée pour tous les hommes et pour le Dieu vers qui nous cheminons tous ensemble. 

 

 

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