Évangile 1er mai

dimanche 1er mai 2022 : 3e de Pâques

 

Evangile de Jésus Christ selon st Jean (Jn 21, 1-19)

01 en ce temps-là Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment.
02 Il y avait là, ensemble, Simon-Pierre, avec Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), Nathanaël, de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples.
03 Simon-Pierre leur dit : « Je m’en vais à la pêche. » Ils lui répondent : « Nous aussi, nous allons avec toi. » Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, cette nuit-là, ils ne prirent rien.
04 Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui.
05 Jésus leur dit : « Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? » Ils lui répondirent : « Non. »
06 Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer, tellement il y avait de poissons.
07 Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! » Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau.
08 Les autres disciples arrivèrent en barque, traînant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres.
09 Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain.
10 Jésus leur dit : « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. »
11 Simon-Pierre remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré.
12 Jésus leur dit alors : « Venez manger. » Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? » Ils savaient que c’était le Seigneur.
13 Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson.
14 C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples.
15 Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. »
16 Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. »
17 Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait : « M’aimes-tu ? » Il lui répond : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis.
18 Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. »
19 Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Sur ces mots, il lui dit : « Suis-moi. »

Lecture ligne à ligne

01 en ce temps-là, Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment.

L’ange avait dit aux femmes :
Allez dire à ses disciples et à Pierre : “Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez, comme il vous l’a dit.” » (Mc 16, 7)
Voici pourquoi les disciples sont repartis chez eux. Bien sûr, on peut objecter qu’Il est déjà venu les voir le soir de Pâques au cénacle ; qu’il est apparu aux disciples d’Emmaüs et à Pierre ; qu’il est revenu au Cénacle voir les disciples avec Thomas… mais le fait est que l’ange les a encouragés à retourner en Galilée et que c’est ce qu’ils ont fait. Que Jésus, dans une surabondance de grâce leur soit apparu avant, ne change rien au fait qu’Il les a invités à retourner en Galilée pour le voir.

Et nous ? Comprenons-nous que rien ne limite Dieu. Il nous demande de faire des choses et nous ne pouvons être sauvés sans faire sa volonté, qui est chemin de Salut pour nous, mais ce qui pour nous est indispensable ne l’est pas pour Dieu. Ainsi, on dit : « le baptême est nécessaire au Salut ». C’est vrai du point de vue des hommes. Refuser le baptême serait refuser de venir à la lumière et le Seigneur nous l’a dit :
19 Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
20 Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ;
21 mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. » (Jn 3, 19-21)
Mais bien sûr, ce n’est pas vrai du point de vue de Dieu qui sauve qui Il veut, baptisé ou non. Le baptême, en tant que moyen de Salut pour les hommes, doit donc être proposé, annoncé à tous autant qu’il est possible et tout homme qui comprend ce qu’il est, se doit de recevoir le baptême, mais Dieu ne condamne évidemment pas les trois quarts de la population mondiale qui ne sont pas baptisés !

02 Il y avait là, ensemble, Simon-Pierre, avec Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), Nathanaël, de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples.

La liste est à la fois surprenante puisqu’il n’y a pas tous les onze et aussi magnifique. En effet il n’y pas seulement les amis du début : Pierre André, Jacques et Jean ; il n’y a pas seulement les habitants du coin, tous ne sont même pas connus ! Cela montre qu’une fraternité nouvelle s’est instaurée entre les disciples. Fraternité qui n’implique pas une vie commune ou une obligation à être toujours tous au même endroit, mais qui permet à des personnes unies par le Christ de vivre à ce jour ce qu’elles ont appris du Christ. Notons qu’ils sont sept, ce qui est un chiffre symbolique de perfection…

Et nous ? Comment vivons-nous la fraternité chrétienne ? Il ne s’agit pas de tout faire ensemble ou d’être coincés les uns avec les autres, mais d’être unis dans le Christ et de pouvoir ainsi faire ensemble sa volonté ou les uns grâce aux autres. L’Eglise est-elle vraiment notre deuxième maison (c’est le sens du mot paroisse) ? Notre nouvelle famille ?

03 Simon-Pierre leur dit : « Je m’en vais à la pêche. »

A première vue, il y a comme une régression : c’est comme si Simon reprenait sa vie d’avant, comme si le Christ n’avait été qu’une parenthèse désormais refermée. Mais un détail empêche de souscrire à cela : il a gardé le nom que Jésus lui a donné. Il n’est plus « Simon » mais « Simon-Pierre ». C’est donc autre chose. Ils sont là parce que le Christ l’a demandé et pour le rencontrer, ils savent que le Christ vient au-devant de l’homme dans sa vie quotidienne et quelle que soit son activité. Ils n’hésitent pas à vivre leur vie en sachant que c’est là que le Christ viendra. Ils le vivent en disciple ; la description du groupe au verset précédent le montre. Mais vivre en disciple, ce n’est pas renoncer à son métier, son pays ou sa vie. Vivre en disciple, c’est chercher et attendre le Christ, faire sa volonté en vivant au milieu du monde. Comme Saint Paul qui tenait à ne dépendre de personne, les disciples cherchent à gagner leur vie mais en restant fidèles à l’appel qu’ils ont reçu.

Et nous ? Savons-nous vivre et agir en toute chose comme des disciples ? Pouvons-nous ainsi rendre le Christ présent dans nos maisons, nos quartiers, nos villes et nos pays ?

Ils lui répondent : « Nous aussi, nous allons avec toi. »

La réponse est simple et directe ; elle montre cette fraternité dans le groupe, envie de faire des choses ensemble, envie de se soutenir mutuellement. Ils ne sont as tous originaire des bords du lac, certains ne connaissent sans doute pas grand-chose à la pêche, mais ils sont frères dans le Christ et solidaires dans cette Eglise naissante.

Et nous ? comment vivons-nous cet appel à la fraternité qu’est notre vie de baptisés ? Dans l’épitre au galates, st Paul écrit :
Voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité,
23 douceur et maîtrise de soi.
C’est bien ce que nous voyons vécu par ce groupe, mais nous, vivons-nous, portons-nous ces fruits les uns pour les autres dans nos vies quotidiennes ?

Ils partirent et montèrent dans la barque ;

Cela semble anodin, évident, vu ce qui s’est dit auparavant, mais il ne faut pas négliger la dimension symbolique. Cette barque de Pierre a vu déjà une pêche miraculeuse, une tempête apaisée, Jésus venir à elle en marchant sur la mer… cette barque de Pierre a vu les disciples terrifiés et Jésus qui dormait, les disciples se prosterner devant Jésus ou le prendre pour un fantôme… cette barque de Pierre, c’est l’Eglise qui accueille son Seigneur et se constitue par sa présence, qui affronte les difficultés sans toujours reconnaître son Seigneur ou la direction qu’Il donne, mais qui peut compter sur son action, sa protection et sa toute-puissance : elle ne coulera pas !

Et nous ? Montons-nous dans cette barque ? sommes-nous de dignes fils de l’Eglise ? Savons-nous y trouver toujours la présence ou l’action du Christ pour nous, pour nos frères, pour le monde ?

or, cette nuit-là, ils ne prirent rien.

Voici la répétition de ce qui s’est passé pour la première pêche miraculeuse. Voici l’image de l’impuissance de l’homme : même les professionnels, Pierre, Jacques et Jean, ne prennent rien. Mais d’un point de vue symbolique, l’Eglise est encore dans la nuit, les disciples ont vu le ressuscité mais ils ne sont pas encore en mission, ils ne sont pas encore les apôtres du ressuscité, ils ne prennent rien. Jésus avait promis :
« Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » (Lc 5, 10)
Mais pour cela il faut encore qu’ils aient reçu l’Esprit qui viendra à la Pentecôte, et le mandat que Simon recevra à la fin de ce récit : « soit le pasteur de mes brebis » ou que tous reçoivent avant l’ascension, d’après la finale de saint Matthieu :
18 Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre.
19 Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit,
20 apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28, 18-20)

Et nous ? Acceptons-nous que le Seigneur ne couronne pas de succès et de fécondité tous nos efforts ? ou qu’Il ne le fasse pas instantanément ? Pouvons-nous attendre dans la foi et l’Espérance le jour du Seigneur ?

04 Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui.

Voici les différences avec la première pêche miraculeuse qui commencent à se manifester. Lors de la première, Jésus est dans la barque et il enseigne ; puis Il demande d’aller au large. Ici, il attend sur le bord du rivage et la barque est encore éloignée de la berge. Les disciples ignorent qui Il est, alors que précédemment ils avaient entendu son enseignement. On est au lever du jour, qui symboliquement exprime un temps nouveau qui commence.

Et nous ? Sommes-nous ignorants ou entendons-nous sa Parole ? Sommes-nous au point d’un jour nouveau, prêts à toutes les conversions ? allons-nous vers Jésus ou l’avons-nous déjà embarqué dans nos vies ? Comment nous préparons-nous à notre prochaine rencontre (peut-être tout de suite) avec le Christ ?

05 Jésus leur dit : « Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? »

Voici qui est nouveau. D’habitude, c’est Jésus qui donne à manger. Pensons par exemple aux multiplications des pains (Mt 14, 14-21, puis Mt 15, 32-38). Mais aussi et surtout à la dernière Cène où Jésus dit « prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps… » (Mt 26, 26). Autrement, Jésus est invité mais sans rien demander ; au contraire, c’est son hôte qui est honoré. Mais depuis la Résurrection, tout est inversé. Au cénacle pour se faire reconnaître et attester qu’Il n’est pas un fantôme, il demande déjà :
« Avez-vous ici quelque chose à manger ? » (Lc 24, 40)
Voici les temps nouveaux où l’Eglise sera sollicitée par Jésus pour Lui donner sa nourriture. Mais quelle est cette nourriture ?
Jésus lui-même l’a dit aux disciples lors de la rencontre avec la Samaritaine :
« Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. »(Jn 4, 34)
Désormais, ce sera donc à l’Eglise de faire, sous la conduite du Christ et de l’Esprit, la volonté et les œuvres de Dieu.

Alors ? quelle est la volonté de Dieu sur nous ? Laquelle de ses œuvres nous destine-t-il à accomplir ?

Ils lui répondirent : « Non. »

Là encore, c’est original, il n’y a pas d’autres endroit dans l’Evangile où les disciples disent « non » à Jésus. Pour la multiplication des pains, Philippe commence par dire à Jésus qu’ils n’ont pas assez d’argent ou encore qu’ils n’ont « que cinq pain et deux poissons ». Mais il n’y pas de « non ». A la première annonce de la Passion, Simon dit « cela ne t’arrivera pas ». C’est un refus sur un fait mais pas un « non » à une demande. Le seul endroit où il y a un refus explicite, c’est au lavement des pieds quand Pierre dit « tu ne me laveras pas » mais en un instant par la réponse de Jésus, l’apôtre est transformé et converti. Ici, c’est un simple non, qui n’est pas hostile mais qui n’est qu’un constat d’impuissance.

Et nous ? Sommes-nous prêts à offrir même une aide dérisoire pour ne pas dire « non » au Seigneur (comme en donnant 5 pains pour une foule) ? Ou bien prendrons-nous le risque d’être en opposition avec Jésus (comme lors de l’annonce de la Passion) ou de passer à coté du salut (comme lors de la Cène) ? Ou bien prendrons-nous le risque d’être pris au dépourvu comme ici et de ne pouvoir que dire « non » et constater notre impuissance ? Que faisons-nous pour répondre, malgré nos faiblesses, de notre mieux aux sollicitations du Seigneur ?

06 Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. »

Lors de la première pêche miraculeuse la consigne était :
« Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. » (Mt 5, 4)
Ici, c’est différent : pas de mouvement à faire, et par contre un coté précis où chercher. C’est d’un point de vue symbolique que nous pouvons comprendre ces différences. Avance au large signifie : aventures toi vers l’inconnu ; c’était le défi lancé à celui qui n’est pas encore disciple. Mais ici, ils ont déjà vu le ressuscité et reçu de lui l’Esprit Saint. Il n’y a donc plus d’inconnus mais plutôt une certaine urgence.
Les filets ne doivent pas être lancés n’importe où ou partout, mais à droite. Dans l’Evangile, c’est le coté des justes comme nous le montre la parabole du jugement dernier :
33 il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche.
34 Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. (Mt 25, 33-34)
L’Eglise du Christ prend des justes, ou plutôt ceux à qui le Christ destine son Eglise sont les justes. Et il suffit de jeter les filets pour trouver : les justes ne manqueront jamais à l’Eglise. Est-ce à dire que l’Eglise ne doit pas convertir les injustes pour les attirer au Christ ? Non ! Cela signifie que ce n’est pas l’Eglise qui convertit au Christ mais le Christ qui convertit et offre les hommes désormais justes à son Eglise.

Et nous ? Serons-nous à droite de la barque, prêts à être pêchés ? Sommes-nous de ceux qui se convertissent au Christ pour que l’Eglise puisse nous prendre ? Quelle est notre disponibilité et notre docilité à la voix du Seigneur ?

Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer, tellement il y avait de poissons.

Lors de la première pêche, le filet manque de se déchirer, et les deux barques sont remplies. Ici le filet ne se déchire pas mais ne peut être tiré dans la barque. Là encore, il faut interpréter symboliquement. Lors de la première pêche, la barque n’est pas encore l’Eglise convoquée par la foi au Ressuscité. Il y a encore plusieurs barques, ceux qui croient à la Parole mais ne sont pas encore vraiment disciples. Ces barques sont à la fois submergées par la grâce divine et encore bien faibles, risquant de couler. Ici la barque est forte de la foi des disciples et de l’appel de Celui qui a triomphé de la mort. Le filet est celui de la parabole :
47 Le royaume des Cieux est encore comparable à un filet que l’on jette dans la mer, et qui ramène toutes sortes de poissons.
48 Quand il est plein, on le tire sur le rivage (Mt 13, 47-48)
Ce filet n’est pas tant destiné à la barque qui est l’Eglise qu’au rivage qui est le ciel.

Et nous ? Sommes-nous des disciples déjà touchés par la victoire du Ressuscité ? Sommes-nous encore faibles et risquant de sombrer ? Sommes-nous de bons serviteurs du Royaume qui cherchent à amener au rivage, ceux que le Seigneur appelle ?

07 Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! »

Ici encore, le disciple aimé du Seigneur comprend plus vite que Simon-Pierre. Comme lors de leur arrivée au tombeau où « il vit et il crut ». N’allons pas croire que c’est un reproche fait à Simon. L’important n’est pas tant la vitesse à comprendre que la détermination à croire et à servir.
L’amour du disciple l’aide à reconnaître, mais la foi de Pierre le pousse à l’action et saint Jacque nous a bien dit :
18 En revanche, on va dire : « Toi, tu as la foi ; moi, j’ai les œuvres. Montre-moi donc ta foi sans les œuvres ; moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi. (Jc 2, 18)

Et nous ? Que nous soyons plus contemplatifs ou plus actifs : peu importe mais mettons-nous notre amour et notre foi toute entière à chercher Dieu pour le servir ?

Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau.

La réaction de Simon-Pierre montre son humilité : il se laisse enseigner par le disciple plus jeune et accepte son avertissement. Elle montre son amour et son respect pour le maître : c’est pour cela qu’il se couvre. Elle montre son empressement, son courage et même son impatience d’être avec le Christ : il se jette à l’eau. Le disciple qui a compris le premier, qui a su transmettre sa foi, va, quant à lui, rentrer tranquillement avec la barque. Nous voyons ainsi les forces et es faiblesses de chacun.

Et nous ? Saurons-nous nous jeter à l’eau, tout risquer pour être avec le Christ ? Et qui nous enseigne, ou plutôt de qui acceptons-nous d’être enseignés ?

08 Les autres disciples arrivèrent en barque, traînant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres.

Pierre a montré le chemin et prit les devants. Les autres suivent. Mais leur attitude permet de ramener le filet. Là encore, à chacun son charisme et sa mission.

Et nous ? savons-nous ce que le Seigneur attend de nous ? Prenons-nous les moyens (la barque ou l’eau) pour remplir cette mission ?

09 Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain.

Voici un grand mystère : le Seigneur, qui a demandé à manger, a pourtant déjà du poisson grillé, prêt pour le déjeuner. C’est une belle image de l’œuvre de Dieu : Il est tout puissant, Il a tout ce qu’Il veut, quand et comme Il le veut. Tout ce qu’Il désire, Il peut le faire, plus, mieux, et plus vite que nous. Nous sommes des serviteurs inutiles (Cf Lc 17, 10). Quoiqu’il arrive, n’oublions jamais que le Seigneur n’a jamais besoin de ce que nous faisons ou pouvons faire.

Et nous ? Avons-nous assez d’humilité pour accepter d’être des « serviteurs inutiles » ?

10 Jésus leur dit : « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. »

Et le mystère se poursuit : il y a déjà du poisson grillé mais le Seigneur demande encore du poisson non préparé ! Comment imaginer qu’Il n’en a pas prévu assez pour tous ? Alors : il y a déjà tout ce qu’il faut et en abondance mais le Seigneur demande encore la participation des disciples ? C’est la suite logique du mystère d’Amour de Dieu pour ses serviteurs inutiles : nous sommes inutiles pais pas inutilisés. Le Seigneur choisit de faire appel à nous alors que nous ne sommes pas nécessaires, pas même au niveau. C’est que si le Seigneur n’a pas besoin de nous il a envie de nous. Nous sommes des serviteurs inutiles sans doute mais nous sommes aussi des amis auxquels Il tient, des enfants qui Lui sont précieux.

Et nous ? Saurons-nous goûter humblement la joie d’avoir du prix aux yeux du Seigneur ? Nous n’en sommes pas dignes, c’est évident, mais sa miséricorde va jusque-là ! Les pères de l’Eglise parlaient de la « condescendance de Dieu ». Cela signifie le désir de Dieu de descendre jusqu’à notre faiblesse pour s’unir à nous et mieux encore, nous unir à Lui. Mais accepterons-nous de dépendre ainsi de son Amour ?

11 Simon-Pierre remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois.

Encore un paradoxe : Simon a abandonné le filet pour être avec Jésus, c’est maintenant lui qui retourne au filet… Simon est un homme d’action, il fait ce que demande le Christ, tout ce qu’il demande et rien que ce qu’il demande.
Quant au 153, les explications symboliques et numérologiques sont innombrables et s’y lancer risquerait d’être fastidieux ou un peu trop long. Pourquoi ne pas en retenir une seule ? Par exemple, on trouve dans le livre des chroniques :
Salomon recensa tous les étrangers qui résidaient dans le pays d’Israël, après le recensement qu’avait fait David son père : on en trouva cent cinquante-trois mille six cents. (Chr 2,16)
Ainsi le nombre des étrangers est de 153 000 quand les poissons sont 153. Dans la barque, les disciples représentent les juifs, mais aussi les apôtres chargés de devenir pécheurs d’hommes. Dans le filet, les poissons représentent les païens, le monde entier, ces étrangers qui désormais vont constituer l’Eglise, ces hommes péchés par les apôtres.

Et nous serons nous des pécheurs d’hommes pour le Seigneur ? Accepterons-nous aussi que de bons apôtres nous « pêchent » pour le Seigneur ?

Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré.

Lors de la première pêche miraculeuse, les filets craquaient, obligeant à rentrer les poissons dans les barques au risque de les faire couler. Ici rien de tout ça, symboliquement l’Eglise attire à elle sans risquer de sombrer tous les peuples de la terre et elle est faite pour cela, riche de la grâce du Ressuscité, rien ne peut plus la déchirer.

Et nous ? Sommes-nous de ceux qui déchirent, cherchant plus à nous imposer ou nous « défiler » qu’à servir et aimer dans l’unité ?

12 Jésus leur dit alors : « Venez manger. »

Jésus a demandé de quoi manger mais maintenant, c’est lui qui invite. Il sollicite du poisson mais aussitôt offre le sien… Si tout cela semble illogique, il faut plutôt y voir la toute puissance de Dieu qui possède et offre, la sollicitude de Dieu qui prépare et prévoit, la bonté de Dieu qui comble et rassasie, le respect de Dieu qui invite à participer et reçoit de nous ce qu’il nous a lui-même donné. N’est-ce pas ce que nous disons à l’offertoire de chaque messe :
Nous avons reçu de toi ce pain que nous te présentons, fruit de la terre et du travail des hommes 
Tout vient de Dieu, notre travail est pourtant sollicité et ce que nous présentons est bien à Lui…

Alors ? Ayons un cœur et un Esprit de pauvre pour pouvoir accueillir avec humilité ce qui nous est offert, pour pouvoir partager et offrir ce que nous avons reçu, pour reconnaitre que nous n’avons rien à offrir, si ce n’est ce que le Seigneur Lui-même nous donne.

Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? » Ils savaient que c’était le Seigneur.

Regardons les sentiments ambivalents des disciples : ils pensent savoir mais doute au point de vouloir demander… Ils doutent mais n’osent pas demander… Ils n’osent pas mais ils aiment celui dont Ils savent qui Il est, non sans un doute persistant ! Cela prouve qu’il y a chez eux, comme chez nous, une distance entre la tête et le cœur, entre ce qui est compris et ce qui est aimé. Leurs certitudes viennent du cœur, leur doute de la tête. Ce que leur intelligence ne peut encore accepter (le Christ ressuscité), leur cœur l’a déjà compris : celui-ci est leur maître bien aimé.

Et nous ? Saurons-nous écouter notre cœur ? Si nous nous en tenons à l’intelligence, cette apparition restera pour nous un non-sens : le Christ est mort : il ne peut être là ! Cet inconnu demande à manger mais il a déjà tout préparé ; il sollicite la pêche mais invite déjà à déjeuner… si nous écoutons notre cœur, nous comprendrons que l’amour tout-puissant à triompher de la mort, que la demande de poisson honore le pécheur qui n’avait rien pris, que le repas préparé est celui de l’amitié, que la demande du poisson péché fait, des pécheurs, des amis mais que l’invitation à manger est la sollicitude du père pour ses fils… Alors saurons-nous écouter notre cœur ?

13 Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson.

De même que pour les disciples d’Emmaüs, il se fait reconnaître à la fraction du pain et au don de nourriture. Ce n’est pas une célébration eucharistique mais un partage fraternel qui évoque et donne sens à l’Eucharistie. Le geste évoque le sacrement, le ressuscité donne sens à ce partage du corps de celui qui peut donner sa chaire sans mourir mais en faisant vivre.

Et nous ? Pouvons-nous voir dans chacune de nos eucharisties la présence du Christ ressuscité qui nous sollicite et nous invite, qui prend soin de nous et nous envoie en mission ?

14 C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples.

Voici que l’évangéliste revient au mot « manifestation » utilisé dans la première phrase. Il ne parle pas de vision ou d’apparition mais de manifestation. C’est que le Seigneur ne se contente pas de solliciter les sens de ses disciples pour qu’ils le voient ou l’entendent. Il s’adresse plus encore à leur mémoire (en refaisant le geste de la fraction du pain, ou le signe de la pêche) à leur intelligence qui doit comprendre tous ces liens et en arriver à reconnaître celui qui est là, et à leur cœur qui aime et met sa foi dans ce qui avait été promis et se réalise sous leurs yeux. Ainsi Jésus ne s’impose pas par une vision mais se propose par une manifestation. Cette rencontre n’est pas une évidence mais un acte de foi.

Et nous ? Bien souvent nous réclamons paresseusement des certitudes et des évidences, mais saurons-nous plutôt entrer dans l’Espérance et mettre notre foi en Dieu qui nous invite à l’aimer et le faire aimer ?

15 Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? »

Jésus s’adresse à Simon-Pierre, seul et expressément. Cela avait été le cas pour lui confier les clefs du royaume :
8 Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle.
19 Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » (Mt 16, 19)
Le Seigneur sait prendre soin ou appeler chacun personnellement.
Mais il lui demande de se comparer : « plus que ceux-ci ». Cette comparaison peut avoir deux sens : « m’aimes-tu plus que tu n’aimes ceux-ci » ou « m’aimes-tu plus que ceux-ci ne m’aiment ». Le grec original ne permet pas de trancher mais comment Simon pourrait-il savoir si son amour est plus grand que celui des autres disciples ? Ce qu’il peut savoir, c’est qui il aime le plus. Met-il le Christ au premier rang ?

Et nous ? Aimons-nous le Christ plus que tout et par-dessus tout comme il nous a invités à le faire :
37 Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; (Mt 10, 37)

Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. »

Le verbe utilisé par Saint Pierre pour répondre, d’après le grec est plus matériel et terre à terre que la Parole du Christ… Retenons néanmoins qu’il répond sans hésiter et sans l’ombre d’un doute. C’est une belle profession de charité qui fait écho à la profession de foi :
16 Alors Simon-Pierre prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » (Mt 16, 16)
Ainsi il connait et il aime. Mais notons encore l’humilité, l’apôtre sait combien il peut facilement se tromper, alors même dans cet amour qui est au centre de sa vie et lui donne sens, il renvoie à Jésus « toi, tu le sais ».

Et nous ? Sommes-nous capables ainsi de professer notre amour du Christ, sans détour, sans forfanterie, sans hésitation ?

Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. »

Pour comprendre l’importance de cette mission que Jésus donne, il faut relire tout le discours du bon pasteur :
1 « Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit.
02 Celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis.
03 Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir.
04 Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix.
05 Jamais elles ne suivront un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. »
06 Jésus employa cette image pour s’adresser à eux, mais eux ne comprirent pas de quoi il leur parlait.
07 C’est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis.
08 Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés.
09 Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage.
10 Le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance.
11 Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis.
12 Le berger mercenaire n’est pas le pasteur, les brebis ne sont pas à lui : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse.
13 Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui.
14 Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent,
15 comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis.
16 J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. (Jn 10, 1-16)
Ce discours long, complexe et très complet montre le christ qui connait, qui aime, qui prend soin, qui sauve et qui donne sa vie. Il montre aussi des brebis qui suivent, écoutent, obéissent et font confiance, reconnaissent le bon pasteur mais sont vulnérables.
Ainsi la simple mission confiée en une phrase à st Pierre résume-t-elle tout le mystère du salut, vu du point de vue de Dieu ou de l’homme. Il s’agit de bien plus qu’un envoi en mission, une intronisation de Saint Pierre comme celui qui désormais remplira la mission assignée au Fils de Dieu tant qu’il demeurait dans la chair sur terre.

Et nous ? En tant que Baptisés, nous sommes-tous d’autres Christ, mais entendons-nous en vérité ce qu’est cette mission qui va jusqu’à donner sa vie pour ses frères ?

16 Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. »

La répétition de la question est l’occasion d’affermir la réponse mais aussi l’occasion de répéter la mission donnée. Elle peut paraître ainsi une sollicitude et une délicatesse du Christ. D’ailleurs Saint Pierre répond de nouveau sans hésiter.

Et nous ? Sommes-nous prêts à répondre en tout temps et en tout lieu aux sollicitations du Seigneur qui sait mieux que nous ce qui est bon pour nous ?

Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. »

La réponse passe des « agneaux » aux « brebis », cela renvoie un peu plus directement encore au discours du Bon Pasteur…

17 Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait : « M’aimes-tu ? »

La troisième question pourrait sous-entendre une mise en doute ou une question par rapport aux réponses précédentes. C’est pour cela que l’apôtre est peiné. Mais c’est qu’il oublie la mission déjà donnée deux fois. Si le Christ avait eu le moindre doute, lui aurait-il confié ainsi ses brebis ?
On a souvent comparé ces trois demandes d’amour aux trois reniements de Simon-Pierre, comme si Jésus voulait lui permettre de rééquilibrer ses paroles et ainsi effacer sa faute. Cela me paraît peu convaincant. Tout d’abord parce que Dieu seul pardonne et qu’il le fait directement. S’il avait voulu dire son pardon à Saint Pierre, il le lui aurait signifié, et n’aurait sûrement pas laissé entendre qu’un homme peut, par ses propres moyens, effacer son péché. Ensuite parce que la logique de Dieu est d’amour et de miséricorde et non de comptabilité, comme si pour trois « je ne le connais pas », il fallait trois « je t’aime ». Cela semble peu compatible avec la recommandation de ne pas rabâcher.
Alors ? Comment comprendre ces trois demandes ? Peut-être chacun devra-t-il se faire son idée… Rien ne me semble évident. On peut entendre par exemple : c’est le Christ qui interroge mais en interrogeant trois fois, Dieu demande un amour trinitaire…
La mission de Simon-Pierre commence maintenant alors que le Christ est encore là ; elle continuera quand le Christ sera remonté au ciel ; elle continuera quand Saint Pierre, lui-même dans la gloire de Dieu, veillera d’une autre façon encore sur l’Eglise. Trois périodes, trois amours, un même Christ. Ou encore il y a les agneaux c’est-à-dire les premiers disciples encore si fragiles, puis les brebis qui sont les chrétiens du monde entier affermis dans la foi mais aussi les brebis, c’est-à-dire tous les hommes puisque le Seigneur lui-même a rappelé :
J
’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos (Jn 10, 16)
Trois missions différentes qui nécessitent trois professions d’amour différentes…

Alors ? Ces lectures spirituelles n’épuisent sans doute pas la richesse de ce texte, à vous d’ouvrir votre cœur et d’entendre…

Il lui répond : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis.

En tout cas cette troisième réponse, insistant sur la connaissance du Seigneur, permet d’unir la foi et la charité dans une même profession, ce qui est une belle progression.

Et nous ? Comment nourrissons-nous notre foi de notre espérance, notre espérance de notre charité et notre charité de notre foi ? Comment ces trois vertus s’unifient-elles en nous ?

18 Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ;
quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. »

La prophétie du Christ montre surtout que Saint Pierre perdra sa liberté et sera condamné, c’est l’annonce du martyr.

Et nous ? Sommes-nous prêts à aller aussi loin que nous le devrons ? jusqu’au bout de notre foi et de notre amour ? Jusqu’au terme de nos engagements ?

19 Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu.

L’évangéliste ici fait le lien entre le martyr et la gloire de Dieu, c’est l’expérience de l’Eglise depuis sa fondation et jusqu’à aujourd’hui.

Et nous ? Si martyr signifie « témoin », en quoi sommes-nous aujourd’hui les martyrs du Christ ?

Sur ces mots, il lui dit : « Suis-moi. »

Au moment où tout semble s’achever, que le Christ vient de confier sa mission ultime au prince des apôtres, mission qui le place en lieu même du Christ sur la terre, un rebondissement imprévu, ce « suis-moi » oblige l’apôtre à se rappeler qu’il ne sera jamais le maître, il le rappelle à l’obéissance et à l’humilité.
Mais alors que Jésus vient de lui prédire qu’il serait dépouillé de tout, Saint Pierre reçoit la même invitation que le jeune homme riche. Celui-ci est inviter à se dépouiller pour suivre le Christ ; ne le pouvant pas car il était riche, il repart triste et Jésus s’inquiète du salut des riches. Saint Pierre demande alors quelle sera sa part et Jésus promet le centuple, les persécutions et la vie éternelle. Voici Saint Pierre qui doit affronter un dépouillement violent et involontaire, qui ira jusqu’au don de sa vie, il suivra le Christ et recevra la persécution et la vie éternelle.

Et nous ? Quelles sont nos vraies richesses ? nos vraies amours ? quelle place donnons-nous à Dieu dans nos vies ?

En guise de conclusion :
Ce magnifique texte nous parle de manifestations : le Christ se révèle plus qu’il ne se montre, il nous donne à voir l’invisible et à le contempler tel qu’il est. Mais ce texte est aussi le récit d’une alliance entre Dieu et l’humanité représentée par les poissons, pas les disciples, par le repas… et cette alliance ultimement se joue toute entière dans le dialogue entre Jésus et Pierre : appel, confiance et mission d’un côté, réponse : amour et obéissance de l’autre, cette concorde parfaite entre le maitre et le disciple nous engage et nous invite : soyons prêts à répondre à tout donner et à recevoir au centuple, dès ici-bas avec des persécutions et jusque dans la vie éternelle.

 

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